Il s’appelle Taddek Rusin. Il est polonais. Il se rend à Paris en 1961 pour y passer des vacances. Sa vie prend un tournant quand il rencontre Paco Rabanne, avec qui il travaille pendant une dizaine d’années pour les plus grandes maisons de couture. Paco Rabanne dessine, et Taddek s’occupe du patronage, puis de la réalisation des pièces de maroquineries. Cet homme passionné par le cuir a travaillé pour les plus grands couturiers, pour ces enseignes qui font la renommée de notre pays : Givenchy, Nina Ricci, Dior… Aujourd’hui il nous partage son expérience.
Interview Taddek from Valet de pique on Vimeo.
J’avais l’opportunité de trouver sur mon chemin Paco Rabanne.
Martin : Comment vous appelez-vous et d’où venez-vous ?
TADDEK : Je m’appelle Taddek, je viens de Pologne, je suis arrivé en France en 1961, ça fait … un demi-siècle !
Martin : Pourquoi la maroquinerie ?
TADDEK : Je suis manuel surtout. Et le cuir me passionnait, pour plusieurs raisons : c’est un matériau noble, et je pense facile à travailler.
Martin : Quels sont vos débuts ?
TADDEK : Je suis tombé dedans bêtement parce que j’avais l’opportunité de trouver sur mon chemin Paco Rabanne. J’étais son collaborateur. Il dessinait à merveille, et moi j’exécutais ses prototypes. On a travaillé pour Nina Ricci, Givenchy et surtout pour Dior.
Martin : Quel était votre rôle ?
TADDEK : Fabriquer, tout simplement. Chez moi il y avait le sens de création. Les stylistes de chaque maison de couture nous donnaient juste le thème.
Martin : Qu’est-ce qu’un beau sac ?
TADDEK : On essaye d’être dans le coup, tout simplement, ce n’est pas que c’est le plus beau, mais c’est le plus à la mode !
Martin : Qui dessinait ?
TADDEK : C’est Paco Rabanne qui dessinait.
Martin : Et vous ?
TADDEK : Je faisais le premier patronage, modèle, il présentait ça aux couturiers, et voilà.
Martin : Pendant combine de temps avez-vous travaillé avec lui ?
TADDEK : 8 ans.
Martin : Que pouvez-vous nous dire de Paco Rabanne ?
TADDEK : Très sympa, très sympa, et très doué, ah oui.
Martin : Combien de temps pour faire un sac ?
TADDEK : Ca dépend, cousu main, 14-15heures.
Martin : Trois qualités pour être un bon maroquinier ?
TADDEK : Ah il faut être patient, il faut être minutieux, et il ne faut pas avoir peur de refaire. Surtout les modèles, les premières pièces, on ne réussit jamais du premier coup.
Martin : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
TADDEK : Que le cuir ne sera jamais démodé, jamais concurrencé. C’est un matériau noble.
Martin : Les plus belles rencontres de votre carrière ?
TADDEK : C’est Paco Rabanne. Madame Vincent c’est aussi une rencontre exceptionnelle. C’est une dame qui avait 93 ans.
Martin : Votre client le plus important ?
TADDEK : La princesse iranienne, Faradiba.